La parentalité bienveillante, qui repose sur l’écoute, l’empathie et le respect des besoins de l’enfant, peut parfois sembler en tension avec la nécessité de respecter ses propres besoins en tant que parent. On a parfois l’impression que « c’est soit eux, soit nous ». Or, une troisième voie est possible ; une voie plus équilibrée, dans laquelle chacun évoluerait dans le respect de ses besoins et des limites de l’autre.
Voici quelques pistes pour ne pas vous oublier en tant que parents :
Reconnaître et valider ses besoins
En tant que parent, il est essentiel de prendre conscience de vos propres besoins émotionnels, physiques et psychologiques. Il peut être facile de se perdre dans le rôle parental, mais un parent bien dans sa peau sera en mesure d’offrir un meilleur soutien et une meilleure présence à son enfant. Cela signifie prendre du temps pour soi, pour recharger ses batteries, sans culpabilité. Par exemple, avoir des moments pour soi, que ce soit pour pratiquer une activité que vous aimez, vous reposer, ou même simplement vous détendre, est crucial.
Un outil pratique et que j’adore pour aider à prendre conscience de son état émotionnel et de ses besoins, est « La roue des émotions« .
Lâcher la culpabilité
La parentalité bienveillante ne signifie pas que vous devez être constamment disponible et dévoué au point de vous oublier. Il est important de comprendre que prendre soin de soi est un acte bénéfique pour toute la famille. Un parent épanoui est un parent plus patient et plus attentif. La culpabilité de prendre du temps pour soi peut être présente, mais on peut la déconstruire.
De plus, un enfant apprend des modèles que nous offrons : en vous respectant vous-même, en répondant à vos propres besoins, vous enseignez à votre enfant l’importance du respect de soi, et vous lui donnez l’autorisation de s’écouter.
Communiquer avec votre partenaire ou avec votre entourage
Si vous êtes en couple ou vivez avec d’autres personnes, il est important de discuter de vos besoins respectifs. La communication est essentielle pour que chacun puisse avoir du temps pour lui, tout en respectant les responsabilités parentales.
Pouvoir se partager les tâches au moyen d’un emploi du temps flexible et équilibré peut être un moyen concret d’assurer que chacun ait son espace.
Créer des moments de qualité, pas de quantité
Il ne s’agit pas de passer tout son temps avec son enfant pour répondre à ses besoins, mais de passer des moments de qualité ensemble. Ce temps partagé, où vous êtes pleinement présent et attentif, renforce la relation. Parfois, quelques minutes de qualité par jour peuvent être plus nourrissantes que de longues heures où vous vous sentez épuisé ou frustré.
Mettre en place des limites claires et bienveillantes
La parentalité bienveillante inclut aussi la capacité à poser des limites. Celles-ci déterminent le cadre dans lequel l’enfant pourra évoluer en sécurité. On peut identifier plusieurs types de limites :
- Les limites garantissant la sécurité physique (par exemple « non, mettre les doigts dans la prise électrique est interdit car c’est dangereux, tu pourrais mourir »). Ces limites sont plutôt stables dans le temps et ne représentent généralement pas de difficultés d’intégration par l’enfant.
- Les limites qui permettent d’intégrer les règles et les contraintes de la vie en société (par exemple, « c’est naturel de ressentir de la colère, mais l’exprimer en mordant c’est interdit ». Ou encore « c’est OK que tu aies besoin de décharger ton énergie après une journée d’école. Mais quand tu cries à côté de moi, ça me fait trop de bruit. Tu peux aller mettre de la musique pour danser et crier dans ta chambre jusqu’à ce que tu te sentes mieux ; ensuite on pourra faire une activité plus calme ensemble »).
Ces limites peuvent varier selon le contexte, et sont donc bien plus difficiles à intégrer pour l’enfant. Une des principales variables est l’état psycho-émotionnel du parent : peut-être avez-vous déjà remarqué que nos réactions sont plus vives et souvent injustes lorsque nous sommes fatigué(e)? Ainsi, pour que ces limites définissent un cadre sécurisant et bienveillant pour l’enfant, il est nécessaire d’être clair sur vos propres limites physiques et émotionnelles à l’instant présent : comment vous sentez-vous ? Quels sont vos besoins ? Cela vous évitera de vous épuiser ou de vous sentir frustré, ou de faire la cocotte-minute en prenant sur vous puis en finissant par exploser. Avoir conscience de votre état psycho-émotionnel et de vos besoins est la clé pour communiquer calmement avec votre enfant.
Accepter l’imperfection
La parentalité bienveillante n’est pas un modèle rigide ou idéal. C’est une approche qui favorise l’écoute et l’empathie, et qui est humaine. Or l’humain ne peut pas être parfait. Vous pouvez être un parent bienveillant tout en ayant des moments de fatigue, de frustration ou même de colère. L’important est de reconnaître ces moments et de les réguler de manière constructive, par exemple en prenant une pause lorsque vous en avez besoin, en expliquant vos émotions à votre enfant et en vous excusant si nécessaire.
Comment cela serait-il, pour vous, de dire à votre enfant en crise : « Tu as beaucoup d’émotions qui s’expriment et je vois que ce n’est pas facile pour toi. C’est naturel, ça arrive à tout le monde. Là, tout de suite, je me sens un peu dépassée pour pouvoir t’accompagner à vivre mieux ces émotions. Je vais prendre quelques minutes pour respirer sur le balcon, et ensuite je reviendrai vers toi. »
Ou bien, après avoir crié : « Tu sais, tout à l’heure, je me suis trompée en te criant dessus. Je n’ai pas su réguler mes propres émotions… Les parents aussi peuvent se tromper, et on continue d’apprendre toute sa vie. Je suis désolée si je t’ai fait vivre des émotions difficiles. Je suis là pour toi maintenant, et tu peux me dire ce que tu as ressenti… »
Cela montre que vous êtes humain, et vous enseignez aussi à votre enfant comment accompagner et assumer ses émotions.
Prendre soin de son corps et de son esprit
La parentalité demande une énergie constante, et pour avoir cette énergie, il est essentiel de prendre soin de soi sur le plan physique et mental. Dormir suffisamment, bien manger, pratiquer des activités physiques, méditer ou encore faire des pauses sont autant d’éléments qui vous permettront d’être un parent plus serein et plus disponible émotionnellement.
Il peut aussi être utile de s’entourer de soutien extérieur, comme des amis, de la famille, ou un thérapeute, pour parler de ses défis ou simplement pour se détendre.
Savoir demander de l’aide
Il n’y a rien de mal à demander de l’aide lorsque vous en avez besoin. Que ce soit à votre partenaire, à des proches ou à un professionnel, un parent bienveillant est également capable de reconnaître quand il a besoin d’un soutien extérieur. Cela peut être de l’aide pour la garde des enfants, pour une tâche ménagère, ou simplement pour une écoute bienveillante.
Pour celles et ceux qui habitent dans la région de Toulon, j’organise des ateliers de soutien aux parents, ainsi que des cercles mamans-bébés, qui peuvent répondre à vos besoins de parents. Pour des besoin plus spécifiques, un accompagnement individuel peut être envisagé.
Pour les autres, une rapide recherche sur internet devrait vous permettre de trouver de telles ressources à côté de chez vous !
En somme…
La parentalité bienveillante n’est pas incompatible avec le respect de ses propres besoins. Au contraire, prendre soin de soi permet de mieux prendre soin des autres. Pensez à l’hôtesse de l’air qui demande aux parents de mettre d’abord leur propre masque à oxygène avant d’aider les enfants à mettre le leur !
En étant conscient de vos besoins, en communiquant avec les autres et en pratiquant l’auto-compassion, vous pouvez maintenir un équilibre qui nourrira à la fois votre bien-être et celui de votre enfant.